lundi 2 octobre 2017

Pourquoi a-t-on créé Boucau (suite)

Avis du Conseil Général des Landes

Le Conseil Général des Landes est amené à donner son avis dans sa séance du 28 avril 1856.
Le Président Charles Corta  (il sera Président du Conseil Général des Landes de 1853 à 1860)


Charles CORTA

réunit une commission composée des membres suivants : Jean-Marie Darracq, avocat, conseiller général du canton de Dax (1852-1860) ; Alexandre Devert, notaire, conseiller général du canton de Saint Vincent de Tyrosse (1836-1870) ; Louis Alexandre baron de Behr, rentier, conseiller général de Montfort en Chalosse (1852-1876) ; Augustin Darricau, avocat, conseiller général du canton de Soustons (1852-1882) ; Charles Docteur, rentier, maire de St Esprit (1848-1852), conseiller général du canton de Saint-Esprit (1842-1857) et Henri Jumel, avoué, conseiller général du canton d’Arjuzanx (1855-1870).
Les arguments de Bayonne qui sont principalement d’ordre judiciaire, les actions de police de Bayonne doivent s’étendre à Saint Esprit et d’ordre militaire la Citadelle est à Saint Esprit alors que l’autorité militaire est à Bayonne, sont balayés.
Du point de vue judiciaire un décret du mois de juillet 1855 ayant étendu la juridiction du commissaire de police de Bayonne au canton de Saint Esprit
Du point de vue militaire la ville de Saint Esprit appartient à la même subdivision militaire que Bayonne.
Le Conseil Général creuse un peu plus et découvre les véritables raisons de cette demande de rattachement et de réunion.
Il s’agit du chemin de fer
« C’est en effet depuis l’établissement de la gare de cette ville que le projet a pris naissance.
Lorsqu’on c’est aperçu que la Compagnie du Midi, par suite du défaut d’espace et pour satisfaire les convenances des caboteurs, établirait au Boucau le principal lieu d’entrepôt des marchandises, on s’est empressé d’ajouter à la demande primitive cette lisière à prendre dans la commune de Tarnos et qui comprend aussi la gare de Boucau susceptible d’acquérir une importance qu’on n’avait pas imaginé d’abord.
Les gares de Boucau et de Saint Esprit sont, aux yeux de tous, le principal et seul objet, peut-être d’une convoitise qu’on n’avait pas, mais qu’on fait naitre et entretenir les journaux de Bayonne. »

La conclusion du rapporteur du Conseil général, qui est bien sûr contre le projet
« Je ne m’explique pas autant que par le désir de posséder la gare de Boucau, la prétention de s’emparer des deux quartiers dont il s’agit. Que ferait-on d’ailleurs de ce territoire ? Une commune ? Mais pourquoi démembrer une belle communauté qui a tout ce qui est nécessaire à son administration pour en former une autre de 1400 habitants, sans église, sans édifice communaux, sans revenus ? »

Le vote de la loi

Malgré tous ces avis défavorables, la décision reste au Corps Législatif, il s’agit de notre Chambre des Députés. Mais il n’a pas beaucoup de pouvoirs. Son président est nommé par l’Empereur, seul l’Empereur peut la dissoudre, il le fait d’ailleurs en 1857. L’Assemblée discute et vote les projets de loi, c’est l’Empereur qui a l’initiative des Lois et les promulgue.
Un détail : la tribune a été supprimée, ainsi les députés parlent depuis leurs sièges. Les ministres ne sont pas responsables devant le corps législatif, qui ne les choisit pas et dont ils ne sont pas membres.
La session de 1857 commence le 16 février pour se terminer le 28 mai. Le corps législatif sera ensuite dissout et il y a des élections législatives les 21 et 22 juin.

Les deux députés des Landes sont François de Marrast, né à Bayonne en 1799, mort à St Sever en 1880. C’est un ardent défenseur de l’Empire qui reste député jusqu’en 1863, son successeur est Louis Adhémar de Guilloutet.
L’autre député est Charles Eustache Corta (qui est Président du Conseil Général on vient d’en parler). Il est né à Bayonne, avocat au barreau de Dax, il est nommé Sous-Préfet de cette ville en 1842. Il adhère au parti bonapartiste et rentre au Conseil Général. Il est élu député des Landes le 29/2/1852. Chargé d’une mission au Mexique par Napoléon III en 1863, il est nommé à son retour sénateur. Il meurt à Angoumé le 14/6/1870.

Le 20/4/1857 la commission chargée de la réunion de Saint Esprit à Bayonne et de la création de la commune de Boucau, est constituée. Elle comprend en plus des deux députés Landais, Raymond-Henri Noubel député du Lot et Garonne, (1852-1870) ; Justin Durand député des Pyrénées Orientales, (1852-1870) ; Charles Henri Roulleaux-Dugage, député de l’Hérault, (1852-1870) ; Pierre dit Paul-Auguste Roques-Salvaza député de l’Aude (1852-1870) et Jacques Edouard Reveil, maire de Lyon et député du Rhône (1852-1863).
Le président de la commission est M Réveil et son secrétaire est M Noubel, le rapporteur est Charles Henri Roulleaux-Dugage. La commission va se réunir plusieurs fois : les 20, 24, 25, 30 avril  et le 4 mai 1857.
Le Corps Législatif sous la présidence d’Eugène Schneider (industriel et fondateur de la dynastie Schneider 1805-1876) se réunit pour délibérer dans sa séance du 9 mai 1857

Charles Corta intervient pour contester le projet qui selon lui
-                     Dépouille le plus pauvre pour favoriser le plus riche
-                     Retranche au département sa ville la plus importante et la moitié d’une commune qui a aussi une certaine importance
-                     Supprime une ligne séparatrice naturelle : le fleuve pour la remplacer par une ligne tracée au milieu des terres
-                     Enlève au département des Landes deux gares de chemin de fer
-                     Retire au département la moitié du port de mer et le port de terre en entier
-                     Il termine en disant de quelle manière il lui semble que l’on aurait pu créer un département nouveau, si la nécessité d’un remaniement territorial avait été reconnue, et il dit que ce département aurait dû avoir Bayonne pour chef lieu.

Charles Henri Roulleaux-Dugage rapporteur intervient à son tour


Charles Henri Roulleaux-Dugage

-                     La commission a consacré à l’étude de ce projet 5 ou 6 séances et les deux députés                   des Landes, qui étaient au nombre de ses membres, ont disputé le terrain pied à pied.
-                     La ville de Bayonne et celle de Saint Esprit sont une seule et même ville partagée par   l’Adour.
-                     Le port de Bayonne comprend les deux rives de l’Adour, les Chantiers, les magasins  de cette ville, sont pour la plupart dans la ville de Saint esprit. La commune de Saint   Esprit ne peut que gagner à être dans celle de Bayonne.
-                  Le rapporteur s’attache à prouver que la commune de Tarnos ne sera pas lésée davantage par suite de la création de la ville de Boucau, qui aura pour résultat de mettre les deux rives de l’Adour dans la même circonscription territoriale et administrative.
Le rapporteur donne un avis favorable à la loi.

Le corps législatif adopte par assis et levé les quatre articles dont se compose le projet de loi.

L’ensemble du projet est ensuite adopté au scrutin, à la majorité de 22 suffrages contre 7 sur 229 votants.


(à suivre)

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