lundi 2 octobre 2017

Pourquoi a-t-on créé Boucau en 1857 (suite)

Génèse de création :

Les Boucalais réclament une église

On peut se poser la question tous ces notables, n’ont-ils pas eu envie de faire sécession et de créer une entité différente de Tarnos ? Les quartiers de Boucau et de Romatet représentent 1500 habitants, soit presque la moitié de la population tarnosienne. C’est le quartier du Boucau qui est le plus dynamique.
Au conseil municipal de Tarnos aux élections du 4/9/1852 sur 21 élus les quartiers de Boucau et de Romatet ont 10 conseillers. Le maire de Tarnos est le Boucalais Pierre Lacouture.
En 1852 les habitants du quartier de Boucau participent à une souscription ayant pour but la construction d’une chapelle qui les dispenserait de faire un long trajet pour remplir leurs devoirs religieux. C’est Arnaud Lacouture, commandant du remorqueur qui est à l’origine du projet (il s’agit du frère de Pierre Lacouture). Le 17/10/1852 les souscripteurs sont assez nombreux et ils forment une commission chargée du projet (membres : Arnaud Lacouture, Pierre Lacouture, maire de Tarnos, Eugène Bourgeois et Pierre Lalanne (à part Arnaud Lacouture, ils sont tous membres du CM).
En Juillet 1854, 40 pétitionnaires du Boucau adressent à l’évêque d’Aire, François Lanneluc une demande pour créer à Boucau une chapelle succursale, l’évêque transmet la demande au Préfet des Landes, Alfred Frachon, le 26/7/1854. Celui-ci, après instruction par le sous-préfet de Dax, émet un avis défavorable, au motif que grand nombre de personnes étrangères à la section de Boucau ont signé la pétition et que les habitants de Boucau ont réuni les fonds pour faire une chapelle de secours.
Une chapelle de secours, donc, dépendante du curé de Tarnos, oui, mais une chapelle succursale (indépendante du curé de Tarnos) non.
On voit peut-être déjà ici une volonté d’indépendance de certains Boucalais.

Alors pourquoi cette création ?

Dès 1854 à l’occasion d’un voyage de Sa Majesté l’Empereur à Biarritz, une délégation du Conseil Municipal de Bayonne et de la Chambre de Commerce lui présente une demande tendant à la réunion à cette ville de la commune de Saint Esprit. Le 26 juillet de la même année Napoléon III visite Bayonne, il pose la question suivante au consistoire israélite
« Pensez-vous, messieurs que les israélites verraient avec plaisir la réunion de Saint Esprit à Bayonne ? »
Le Consistoire répondit affirmativement.

Ce n’est pas la première fois que Bayonne demande le rattachement de Saint Esprit :
-                     1792, refus,
-                     1818 c’est le Conseil Général des Basses Pyrénées qui demande le rattachement de St Esprit à la ville de Bayonne. Le Conseil Général des Landes émit un avis négatif dans ses délibérations de 1819 et 1820.
Le gouvernement ne donne pas suite au projet.
-                     1836 : Le conseil d’arrondissement de Bayonne demande la réunion de tout le canton de Saint Esprit, mais il n’est pas suivi par le Conseil Général des Basses Pyrénées. L’affaire n’a pas de suites.

-                     1853 : Projet de création d’un nouveau département, dont le chef lieu serait Bayonne et qui entrainerait la distraction du département des Landes de l’arrondissement de Dax. En même temps, Bayonne demande le rattachement de Saint-Esprit. L’affaire n’eut pas de suite.

Avant d’aller plus loin un petit tour des protagonistes

A Paris tout d’abord

Napoléon III neveu de Napoléon I, fils de son frère Louis et d’Hortense de Beauharnais, il épouse Eugénie de Montijo, empereur des français qui exerce un pouvoir personnel autoritaire, jusqu’en 1870.

Le Ministre de l’Intérieur Adolphe, Augustin, Marie Billault, il est président du Corps Législatif et il est nommé ministre de l’intérieur le 19/6/1854 jusqu’au 8/2/1858.

Eugène Schneider
Adolphe Augustin Marie Billault


Le duc de Morny, demi-frère naturel de Napoléon III (fils naturel d’Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine, et du général Charles de Flahaut), c’est le président du Corps Législatif.
Eugène Schneider (1805-1875, directeur de Forges, participe avec son frère à la création de l’empire sidérurgique Schneider (Creusot-Loire). Vice-président du corps législatif de 1852 à 1867, puis Président de 1867 à 1870.

Dans les Landes :

Les préfets

Alfred Clément Louis Frachon (1813-1857) en poste du 5/12/1853 au 31/10/1854
Il n’eut à traiter que le début de l’affaire

Jules CORNUAU (1821-1903) préfet de 1854 à 1858 qui est au centre de l’affaire

Le sous-préfet de Dax
Il s’agit d’Edmond Garat (1819-1880) qui sera en poste à Dax de 1853 à 1870. Il s’agit d’un descendant de Dominique Garat député du Tiers Etat pour le Labourd en 1789.

Dans les Basses-Pyrénées
Préfets :
François Armand Rupert LAITY (1812-1889) Préfet des Basses Pyrénées de 1854 à 1857

Marie Joseph Auguste PRON (1820-1903) Préfet de 1857 à 1862

Sous-Préfet :

Stanislas GERARD (1814-1861) en poste de 1853 à 1854

Jean Victor Leopold ISOARD (1822-1887) en poste de 1854 à 1860

Le 6 octobre 1854, le Préfet des Basses Pyrénées François Armand Rupert Laity fait la proposition suivante
1.         Réunion de tout le canton de Saint Esprit aux BP, Saint Esprit est réuni à Bayonne et toutes les autres communes (Biarrotte, Saint Laurent de Gosse, Biaudos, Saint André de Seignanx, Saint Barthélémy, Tarnos et Saint Martin de Seignanx) seront réparties entre les cantons NE et NO.
2.         Réunion de Saint Esprit à Bayonne et de toute la portion de la rive droite de l’Adour qui s’étend de Saint Esprit à la mer.

26/1/1855 Lettre du ministre de l’intérieur demandant au Préfet des Landes de se concerter avec celui des BP pour l’instruction de ce projet, qui était la réunion de tout le canton de Saint Esprit aux BP.

5/3/1855 L’instruction des deux affaires est en cours, et le Préfet des Landes demande des compensations territoriales

10/4/1855 Les compensations territoriales sont admises en haut-lieu, mais il s’agit de les préciser.

30/6/1855 Proposition du Préfet des Landes tendant :

1.                 A réunir au département des Landes, 13 communes des BP (Sames, Guiche, Bellocq, Lahontan, Sault de Navailles, Bonnut, St Girons, Labeyrie, Casteide-Candau, Saint Médard, Arget, Montagut et Malaussanne) si l’on se bornait à réunir Saint-esprit à Bayonne.
2.                 Une autre alternative est de réunir au département des BP tout le canton de Saint Esprit. Après consultation des CM deux communes ont répondu par la négative, il s’agit de Biarrotte et Saint Laurent de Gosse, 5 autres ont donné un avis favorable, il s’agit de Biaudos, Saint André de Seignanx, Saint Barthélémy, Saint Martin de Seignanx et Tarnos. Si tel était le cas le département des Landes demanderait l’adjonction de certaines communes du Gers : Cazaubon, Castex, Estang, Lannemaignan, Larée, Marquestan, Mauléon d’Armagnac et Monclar.

Devant la complexité de la situation et malgré les votes majoritaires des communes concernées, le Ministre de l’Intérieur va modifier les propositions et exclure le rattachement du canton de  Saint Esprit.
Il ne restait donc que le rattachement de Saint Esprit à Bayonne, et celui des sections de Romatet et Boucau au BP.

Les avis des communes et des départements concernés :

Le 22/10/1855 Le Préfet des Landes demande aux habitants des sections de Boucau et de Romatet d’élire une commission syndicale en vue de donner leur avis « sur l’opportunité qu’il y aurait à réunir les sections du Boucaut et de Romatet au département des BP »
Les élections de la commission ont lieu le 4 novembre et les membres sont : MM Bourgeois président, Adoue, Rives, Castillon, Novion, Destremaut, Charles Lalanne, Pambrun et Dibos. Cette commission siège le 18/11/1855 à 6 heures du soir dans une des salles de la mairie
La commission délibère et déclare :
« Qu’après avoir consulté les habitants les plus notables des quartiers respectifs, les membres de la commission les ont trouvés tous d’un avis entièrement opposé au démembrement de la commune….
Déclare à l’unanimité qu’elle ne prévoit dans le démembrement de la commune de Tarnos qu’un préjudice très notable qui portera également sur cette commune et celle que l’on se propose de créer… »
Par contre elle est d’accord avec la délibération du CM de Tarnos du 12/8/1855 qui propose de réunir la commune toute entière de Tarnos aux BP.

« Bayonne et Dax sont tous deux chef-lieu d’arrondissement, par conséquent siège de sous-préfecture et de tribunal de première instance, qu’il n’y a du bourg de Tarnos à Bayonne que 6 km, tandis qu’il y en a 42 de Dax, et que c’est à Bayonne et à Saint Esprit, mais plus particulièrement à Bayonne que les habitants de Tarnos ont presque tous leurs rapports d’intérêts. »

Le 18 avril 1856 le Conseil Municipal de la commune de Tarnos se réuni pour donner son avis sur le projet de distraction des quartiers de Romatet et de Boucau.
L’enquête publique (comodo incomodo) a eu lieu les 1er et 2 octobre 1855. Elle est présidée par M Vasserot Maire de Saint Esprit, une seule personne est pour le rattachement.
Le Conseil Municipal émet le vœu, comme la commission syndicale que ce soit la commune entière qui soit rattachée.

(à suivre)


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